La RE 2020 en maison individuelle
La Réglementation Environnementale 2020 est obligatoire depuis le 1er janvier 2022 pour les maisons individuelles. Elle succède à la Réglementation Thermique 2012 en apportant de nouvelles exigences. Voici des explications simples sur le contenu de cette norme ainsi que des conseils pratiques pour la respecter haut la main.
- Objectifs
- Pilier 1 : Energie
- Pilier 2 : Carbone
- Pilier 3 : Confort d’été
- Exigences de moyens
- Prix d’une étude
- RE 2020 en questions
Objectifs de la RE 2020
La RE 2020 est une réglementation « Environnementale » et plus seulement « Thermique » comme c’était le cas de tous les textes précédents. Elle affiche 3 grands objectifs.
1. Priorité à la sobriété énergétique : Cette nouvelle norme demande une vraie réflexion sur la conception du bâtiment afin qu’il soit le plus sobre en énergie possible sur toute sa durée de vie. L’exigence sur ce point est relevée d’environ 30% par rapport à la RT 2012.
Les bâtiments neufs n’auront jamais été aussi performants.
2. Diminuer l’impact carbone du bâtiment : Mais ce n’est pas tout, la RE 2020 considère aussi le coût carbone de la maison notamment lors de la phase de construction. En effet, pour une maison très performante, cette empreinte carbone peut être 10 fois supérieure à celle des consommations du logement.
3. Garantir le confort d’été : Enfin, dans un contexte de réchauffement climatique, l’accent est mis sur le confort d’été. Le logement doit pouvoir garantir des températures agréables tout en utilisant le moins d’énergie possible.
Chacun de ses 3 « piliers » se décline en indicateurs chiffrés qui font partie intégrante de la méthode de calcul. La suite de l’article les détaille de façon simple avec des pistes concrètes pour rester sous les seuils attendus.
Le pilier « énergie » de la RE 2020
Bbio (en points) : Le Besoin Bioclimatique Bbio détermine l’efficacité énergétique du bâti. Il s’agit de « sa capacité à être sobre en énergie » et ce, indépendamment des systèmes de chauffage choisis. C’est bien « la conception du projet » qui est évaluée ici. Le Bbio moyen maximum est fixé à 63 points ce qui est très exigent. Il peut être modulé selon la région, l’altitude ou la surface habitable.
Exemple de Bbio. Les critères de modulation permettent d’être « le plus juste possible » partout en France. Source : Ministère de la Transition Ecologique.
→ Retenez qu’il est quasiment obligatoire de respecter les principes d’une architecture bioclimatique, à savoir :
- Une maison compacte de type carré ou rectangle.
- Avec des ouvertures au sud pour capter la chaleur en hiver.
- Mais toujours protégées du soleil en été.
- Une forte inertie intérieure est vivement conseillée pour lisser les températures en hiver et limiter les surchauffes en été. Elle peut s’obtenir par une isolation des murs par l’extérieur sur une structure maçonnée. Ou par la mise en place de parements intérieurs lourds type briques plâtrières ou briques de terre crue.
- Une ventilation traversante doit permettre de décharger la chaleur accumulée la nuit.
Cep et Cep,nr (en kWhEP/m².an) : Ici, la réglementation s’intéresse à l’efficacité des systèmes choisis sur les 5 postes suivants.
Chauffage, Eau chaude, Climatisation, Eclairage et Auxiliaires : électricité pour la ventilation, une pompe de circulation… Tous ces postes sont chiffrés selon un scénario type.
L’indicateur de la Consommation d’Energie Primaire (Cep) comptabilise toutes les énergies. Le Cep « NR » ne s’intéresse quant à lui qu’aux énergies « Non Renouvelables ». Le but étant bien sûr de favoriser les systèmes compatibles avec le réchauffement climatique. Il ne faut pas dépasser le seuil de 75 kWh/m².an pour le Cep et 55 kWh/m².an pour le Cep,nr. Comme précédemment, ces limites maximales sont « corrigées » selon la région, l’altitude ou la surface habitable.
Exemple de Cep et Cep, nr. Source : Ministère de la Transition Ecologique.
Le pilier « carbone » de la RE 2020
Passons maintenant au calcul de l’empreinte carbone du logement sur ces phases de construction et d’utilisation.
Ic Construction (kg de CO2 par m²) : Il s’agit ici d’évaluer l’empreinte carbone des matériaux mis en jeu et ce n’est pas une mince affaire. Concrètement, le bureau d’étude va quantifier chacun des composants de la maison et lui associer une « valeur carbone ». Cette valeur est répertoriée sur la base de données « INIES ». Si un fabricant n’a pas de fiche déclarée pour son produit, le bureau d’étude doit alors prendre une valeur « par défaut » qui est pénalisante (+ 30%).
Selon la base de données INIES, 1 m² de laine de verre pour un R de 5 m².K/W compte pour 5 kg de CO2 environ. Si la maison comporte 120 m² de cet isolant, ce poste pèsera pour 600 kg.
En pratique, cela peut poser des difficultés car lors de l’étude requise pour le permis de construire, tous les matériaux ne sont pas nécessairement connus. L’indicateur Ic Construction est donc susceptible d’évoluer en cours de chantier mais devra être conforme à la réception. Comme cette donnée est « nouvelle », la réglementation prévoit des seuils dégressifs. Le temps de laisser aux fabricants la possibilité d’améliorer le bilan environnemental de leurs produits ou de créer des alternatives plus durables.
| Année | < 2025 | 2025 | 2028 | 2031 |
| Seuil max. kg de CO2 par m² | 640 | 530 | 475 | 415 |
→ Retenez que les matériaux biosourcés sont valorisés par la réglementation. Un isolant en fibre de bois par exemple est considéré comme un « puits de carbone » et bénéficie d’une empreinte négative.
La ouate de cellulose est un isolant « puits de carbone ». Photo : Ecima.
Ic énergie (kg de CO2 par m²) : La RE 2020 calcule aussi les émissions de carbone pendant la phase d’utilisation. Chaque énergie se voit attribuer un « poids carbone » selon son impact sur le réchauffement climatique. Le seuil maximal est fixé à 160 kg CO2/m².
| Energie | Emissions de CO2 |
| Bois type plaquettes | 24 g de CO2 par kWh |
| Bois type bûches ou granulés | 30 g de CO2 par kWh |
| Electricité pour climatisation* | 64 g de CO2 par kWh |
| Electricité pour eau chaude* | 65 g de CO2 par kWh |
| Electricité pour éclairage* | 69 g de CO2 par kWh |
| Electricité pour chauffage* | 79 g de CO2 par kWh |
| Gaz de ville | 227 g de CO2 par kWh |
| Gaz en cuve | 272 g de CO2 par kWh |
| Fioul | 324 g de CO2 par kWh |
| Charbon | 385 g de CO2 par kWh |
→ Retenez qu’un chauffage aux granulés de bois ou une pompe à chaleur seront parfaitement adaptés. A l’inverse, il ne sera clairement pas possible de respecter la RE 2020 en chauffant au gaz ou en « tout électrique ».
Le pilier « Confort d’été » de la RE 2020
Degré-Heure DH (en °C.h) : Cet indicateur quantifie le niveau d’inconfort perçu pendant la saison estivale. Il est par défaut fixé à 1 250 DH mais peut-être augmenté si le logement présente des contraintes spécifiques. Une impossibilité d’ouvrir les fenêtres à cause du bruit extérieur par exemple. Trois cas de figure se distinguent ici :
- DH < 350 : La réglementation est d’emblée respectée mais cela suppose un bel effort de conception. La recherche d’une inertie intérieure lourde sera impérative.
- 350 < DH < Max : La RE 2020 peut être respectée mais l’indicateur Cep prendra un malus car de la climatisation sera nécessaire.
- DH > Max : Votre projet n’ira pas plus loin. Il faut reprendre sa conception pour un meilleur confort d’été.
Une pergola avec lamelles orientables au sud permet de se protéger du soleil tout en gardant une vue sur l’extérieur.
→ Il faut retenir qu’un bon confort d’été « naturel » s’obtient avec les éléments suivants :
- Protections solaires type volets roulants (est-ouest) ou pergolas (sud)
- Ventilation traversante pour décharger la chaleur la nuit
- Forte inertie intérieure (parois lourdes)
- Programmation automatique des protections solaires via une horloge astronomique
Les exigences de « moyens » de la RE2020
Tous les indicateurs précédemment cités constituent les « exigences de résultats » qui doivent être respectées lors de la phase de calculs. Mais la norme prévoit aussi des « exigences de moyens » qui seront vérifiées sur le chantier. Voici les principales :
Etanchéité à l’air < 0.6 m3/h.m² : Une excellente étanchéité à l’air évite l’apport d’air froid en hiver et les surchauffes en été. Ce point est donc crucial. Le plus souvent, la maison est « entourée » d’un film étanche à l’air en amont de l’isolant (côté chaud). L’étanchéité à l’air est contrôlée pendant le chantier par un test d’infiltrométrie. Il s’agit de placer la maison en dépression et de mesurer les fuites d’air parasites. Elles se situent le plus souvent au niveau des fenêtres (jonction avec le bâti) ou des traversées de parois.
Sur ce point, nous conseillons de viser une étanchéité plus exigeante de 0.4 m3/h.m² dès la phase de conception. C’est en effet un poste peu coûteux qui limite efficacement les déperditions et engage les artisans dans une démarche de qualité. Un combo gagnant en somme.
L’étanchéité à l’air est ici assurée par un film continu qui joue aussi le rôle de pare-vapeur.
Test de la ventilation : Comme la maison est étanche aux entrées d’air indésirables, il faut s’assurer que le renouvellement de l’air est satisfaisant. Un test au niveau de la ventilation est donc réalisé par un acteur indépendant qui vérifie notamment que le débit de chaque bouche est conforme au niveau attendu.
Illustrations du protocole « ventilation » de la RE2020.
Ponts thermiques : La valeur des ponts thermiques (ruptures dans la continuité de l’isolation) est aussi quantifiée, notamment pour la liaison mur/plancher intermédiaire. Il faut donc utiliser des planelles suffisamment isolantes sur ce poste.
Eclairage naturel : La surface des baies doit représenter au moins 1/6 de la surface habitable. Pour une maison de 100 m², cela représente au moins 17 m² de vitrage. A l’inverse, évitez de dépasser 20 à 25% de la surface habitable. En effet, les déperditions créées par le surplus de vitres viendraient probablement trop pénaliser l’indicateur Bbio.
Ce projet passait la RT 2012 mais probablement pas la RE 2020 vu la surface vitrée.
Ouverture des fenêtres : Les baies desservant un même local doivent pouvoir s’ouvrir sur au moins 30% de leur surface. Une manière de garantir une bonne ventilation pour un rafraîchissement nocturne par exemple.
Sobriété : Un compteur d’énergie est impératif pour renseigner les occupants sur leurs consommations. De même, le chauffage ou la climatisation doivent bénéficier d’une régulation automatique afin de maximiser les économies d’énergie.
Prix d’une étude RE 2020
Vous l’aurez compris, une étude RE 2020 est à la fois complexe et exigeante. Elle a donc un coût. On l’estime à environ 800€ répartis entre l’étude « énergie » (400€) et l’étude « carbone » (400€).
Le logiciel CYPETHERM est disponible gratuitement pour réaliser la partie « énergie » de l’étude. Cela demande toutefois de savoir manipuler l’outil.
En plus, il faudra s’acquitter d’une somme d’environ 700€ pour le test d’étanchéité et 300€ de plus pour le test de ventilation.
La partie « conception » coûte donc plus cher que par le passé mais il faut aussi voir que tous ces contrôles garantissent les performances réelles de la maison. En ce sens, ils méritent certainement chaque euro investi.
Au total, une maison se chiffre autour de 1 800€ du m², hors terrain.
La RE 2020 en questions
Quel niveau d’isolation faut-il viser en RE 2020 ? La norme n’impose pas telle ou telle résistance thermique par poste, ce sont des indicateurs plus « globaux » qui comptent. Toutefois, les valeurs suivantes sont souvent rencontrées :
| RT 2012 | RE 2020 | |
| R toiture en m².K/W | 8 | 10 |
| R mur en m².K/W | 4.5 | 5.5 |
| R sol (terre plein) | 3 | 4.5 |
| R sol (vide sanitaire) | 4 | 6 |
| U Baie vitrée en W/m².K | < 1.7 | < 1.4 |
| Etanchéité à l’air en m3/h.m² | < 0.6 | < 0.4 |
A noter que si votre projet ne « passe pas », cela ne sert probablement à rien d’isoler davantage. En effet, les gains en performance seront très faibles car ce sont les premiers centimètres d’isolants qui fonctionnent le mieux. De plus, cela alourdira l’impact Carbone. Un combo malus en somme.
Sur-isoler demande plus de ressources consommées pour pas grand-chose.
Existe-il des aides financières ? Non, la priorité est clairement donnée à la rénovation énergétique des logements existants. Aucune aide n'est disponible pour le neuf.
Puis-je chauffer avec un poêle à bois ? Oui et non. Un poêle à bûche ne permet pas une régulation automatique de la température. En ce sens, il n’est pas considéré comme un chauffage « principal » mais peut être utilisé en appoint. En revanche, un poêle à granulés est une option valable en tant que chauffage principal.
Puis-je installer des panneaux solaires photovoltaïques ? Oui, mais pas trop ! Il faut comprendre que seule l’énergie autoconsommée réellement va venir réduire l’indicateur Cep. Il ne faut donc pas trop générer de surplus. Le risque est que le bilan carbone des panneaux solaires vienne alourdir celui de toute la construction et faire qu’elle ne passe plus la RE 2020.
Je veux agrandir ma maison, suis-je concerné par la RE 2020 ? Cela dépend de la surface en jeu. Voici un tableau récapitulatif.
| Moins de 50 m² |
| Le projet est soumis à la « RT Existant », beaucoup plus simple. |
| Moins de 80 m² |
| Une version simplifiée de la RE 2020 s’applique. Elle comprend « uniquement » le Bbio, le DH et le bilan carbone. Pas de test d’étanchéité ou de test de ventilation. |
| Plus de 80 m² |
| La RE 2020 s’applique entièrement |
Conclusion : Une réglementation environnementale très exigeante
Vous l’aurez compris, la RE 2020 est particulièrement contraignante et constitue une réponse au changement climatique. Ainsi, les nouveaux logements doivent se montrer exemplaires quant à leurs consommations d’énergie, hiver comme été, et présenter un bilan carbone contenu.
Pour aller plus loin, nos articles sur la rénovation globale et les aides financières associées pourraient vous intéresser. Nos comparatifs des matériaux de construction et des isolants sont aussi des lectures possibles.
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