Rendement d’un poêle à bois
Les performances des poêles à bois sont en constante amélioration. Mais se contenter de choisir un appareil à haut rendement ne suffit pas, loin de là ! Une installation efficace suppose une conception réfléchie, une pose dans les règles de l’art et une bonne utilisation du chauffage en bout de chaîne. Voici un guide des bonnes pratiques pour optimiser le rendement de son poêle à bois dès le début de son projet.
- En 1 coup d’œil
- Définition
- Poêle à haut rendement
- Puissance
- Installation
- Qualité du bois
- Utilisation
- Entretien
- Vidéo
Optimiser son rendement en 1 coup d’œil
Critères | Bonne pratique | |
Conception | Ne pas surdimensionner le poêle Entre 5 et 9 kW maximum | |
Choix produit | Rendement de 80% avec post-combustion Label Flamme Verte 7 étoiles ou équivalent | |
Installation | Arrivée d’air dédiée de 50 cm² Fumisterie avec calcul de dimensionnement | |
Bois | Bois fendu avec moins de 20% d’humidité Séchage sous abri pendant 18 mois | |
Utilisation | Allumage inversé, rechargements réguliers Ne pas fermer les arrivées d’air | |
Entretien | Ramonage 1 fois par an Inutilité des bûches de ramonage |
Rendement d’un poêle à bois
Définition : Le rendement d’un poêle à bois s’exprime en pourcentage. Il représente la quantité d’énergie que l’appareil peut extraire du combustible. Le rendement des poêles à bois récents se situe autour de 80% en théorie.
Le fabricant annonce un rendement de 82% sur la fiche technique.
Cela signifie que 80% de l’énergie contenue dans les bûches est effectivement transmise à la pièce sous forme de chaleur, les 20% restants sont « perdus » notamment à travers les fumées. En bref, il y a tout intérêt à optimiser son rendement pour faire des économies de bois.
Evolution des rendements : Le rendement des poêles à bois s’est nettement amélioré au fil des années si on se réfère aux données de l’Ademe indiquées « en conditions réelles ». A titre de comparaison, un foyer ouvert affiche seulement un rendement autour de 10-15%.
Années | < 1997 | 1997 à 2004 | 2005 à 2011 | > 2012 |
Rendement réel | 45% | 65% | 70% | 75% |
On peut retenir de ces chiffres qu’il y a tout intérêt à remplacer un vieil appareil par un plus récent. De même, un achat d’occasion reste à éviter à moins de connaître précisément la date de fabrication.
Un ancien appareil peut avoir un certain charme mais sera complètement dépassé niveau performances.
Rendement réel : Vous l’aurez peut-être déjà remarqué mais le rendement « réel » est logiquement moins élevé que le rendement « théorique ». Les performances réelles dépendent de nombreux facteurs qui sont détaillés dans la suite de l’article.
Choix d’un appareil à haut rendement
Post-combustion : Concrètement, un poêle à bois à haut rendement est équipé de la technologie « post combustion » également appelée « double combustion ». Elle consiste à brûler le bois en deux temps. Les bûches sont d’abord consumées en partie basse du foyer grâce à une arrivée d’air primaire qui amène l’oxygène nécessaire à la combustion.
On peut identifier la technologie « post-combustion » grâce aux petits trous en partie haute du foyer.
Cette première étape génère des gaz chauds qui remontent dans le foyer. Plutôt que de les laisser s’échapper dans les fumées, ils vont être brûlés en partie haute grâce à une injection d’air secondaire. Cela crée de la chaleur supplémentaire dans le foyer en plus de limiter les émissions polluantes.
Label Flamme Verte : Pour guider les consommateurs, la filière a créé le label Flamme Verte 7 étoiles destiné à sélectionner les appareils les plus performants. Voici les exigences techniques retenues :
Rendement énergétique (%) | ≥ 75 |
Émissions de monoxyde de carbone (mg/Nm3) | ≤ 1500 |
Émissions de particules (mg/Nm3) | ≤ 40 |
A noter que ce label reste payant pour les fabricants. S’il demeure facultatif pour bénéficier des aides financières, les exigences techniques sont quant à elles obligatoires. La norme européenne Ecodesign 2022 vous assure également un appareil performant de conception récente.
Si vous souhaitez vérifier que votre appareil est labellisé, il suffit de se rendre sur l’annuaire du site officiel. Vous y trouverez toutes les informations utiles.
Prix d’un poêle à bois à haut rendement : Un poêle à bois Flamme Verte 7 étoiles ne coûte pas nécessairement plus cher qu’un autre appareil. Les premiers prix démarrent autour de 500€ chez Invicta ou La Nordica par exemple. Les variations de tarif sont principalement liées à des questions de design.
Prudence ! Pour les produits non labellisés, restez vigilants sur les indications de rendement données par les sites marchands. On trouve parfois des chiffres contradictoires entre ce qui est indiqué sur la fiche web du produit et le rendement « officiel » mentionné dans la notice.
Dimensionnement et rendement du poêle à bois
Dimensionnement : Il faut aussi considérer qu’un poêle à bois offre son meilleur rendement à sa puissance nominale. Ainsi, un excellent appareil labellisé flamme verte ne suffit pas. Il faut aussi qu’il soit correctement dimensionné aux besoins de l’habitation. Un poêle qui tourne « au ralenti » voit son rendement dégradé et son vieillissement accéléré.
Un poêle à bois ne pourra pas chauffer « toute la maison » si les espaces sont cloisonnés, inutile de le surdimensionner dans ce but.
Repères : En rénovation, les puissances recommandées se situent le plus souvent entre 5 et 9 kW. Un rapide calcul « coin de table » consiste à multiplier le volume à chauffer par un ratio selon le type de logement.
Climat / Isolation | Mauvaise | Moyenne | Bonne | Neuf |
Doux | 40 W/m3 | 35 W/m3 | 30 W/m3 | 15 W/m3 |
Tempéré | 50 W/m3 | 40 W/m3 | 35 W/m3 | 20 W/m3 |
Froid | 60 W/m3 | 50 W/m3 | 40 W/m3 | 25 W/m3 |
Exemple : Si je veux chauffer mon salon de 50 m² avec une hauteur sous plafond de 3 mètres, j’obtiens un volume de 150 m3. Avec une isolation moyenne et un climat tempéré, mon besoin est de 40 W/m3. Cela donne une puissance de 6 000 W soit 6 kW.
Si vous voulez faire un calcul plus précis, rendez-vous sur notre article dédié à la puissance des poêles à bois.
Installation et rendement du poêle à bois
L’installation « dans les règles de l’art » est également déterminante pour un rendement optimal de l’appareil. On peut citer ces deux points :
Arrivée d’air : C’est elle qui garantit un apport d’oxygène suffisant, indispensable à la combustion des bûches. Cette ouverture sur l’extérieur doit être de minimum 50 cm² pour les poêles de moins de 25 kW.
Il est préférable que les entrées d’air se situent au-dessus du niveau du sol pour ne pas être obturées par la suite.
L’idéal est de raccorder cette arrivée d’air avec un conduit donnant sur l’extérieur. De cette manière, on évite les interactions problématiques avec les systèmes de hottes ou de ventilations.
Schéma : Recommandations profesionnelles PACTE.
Fumisterie : Elle doit être au bon diamètre pour atteindre le tirage préconisé par le fabricant. Une application gratuite comme Conduit Réno permet de savoir très facilement si la solution technique envisagée est viable, et de générer un rapport de bon dimensionnement.
Il revient au professionnel de s’assurer de ces points lors de sa visite technique. Nous vous encourageons à faire plusieurs devis pour confronter les avis et les prix.
Pour cela, Conseils Thermiques s'associe à plusieurs partenaires afin de vous mettre en relation avec des artisans locaux certifiés RGE. Vous pourrez ainsi étudier plusieurs propositions techniques et commerciales gratuitement et sans engagement.
Je souhaite rencontrer des entreprises >Ces travaux de rénovation énergétique donnent droit à des subventions (prime énergie). Si vous avez déjà un devis (non signé), vous pouvez encore y prétendre.
Je souhaite obtenir ma prime énergie >Rendement et choix du combustible
Le choix du combustible tient aussi un rôle majeur dans les performances du poêle à bois.
Bois sec < 20% d’humidité : Le Pouvoir Calorifique Inférieur PCI désigne la quantité d’énergie disponible dans le bois. On constate que le PCI est directement proportionnel à l’humidité.
Humidité % | 10 | 15 | 20 | 25 | 30 | 35 | 40 | 45 | 50 | 55 | 60 | 65 |
PCI Feuillus kWh/kg | 4,49 | 4,20 | 3,92 | 3,63 | 3,34 | 3,05 | 2,76 | 2,47 | 2,19 | 1,90 | 1,61 | 1,32 |
PCI Résineux kWh/kg | 4,73 | 4,43 | 4,12 | 3,82 | 3,52 | 3,22 | 2,92 | 2,62 | 2,32 | 2,02 | 1,71 | 1,41 |
Brûler du bois humide est clairement un mauvais calcul car de l’énergie est « perdue » pour le séchage du bois avant sa combustion.
En bref, il vaut viser un bois avec une humidité qui reste autour de 20%. Cela limite en plus les émissions de polluants. On peut utiliser un humidimètre ou simplement observer les bûches comme le montre cette infographie de l’Ademe.
Essence : L’essence du bois influe assez peu sur le PCI. On conseille d’opter pour des feuillus « durs » pour la combustion type chêne, hêtre, frêne. Pour l’allumage, des feuillus « tendres » type bouleau sont plus adaptés.
Informations : Ces données sont vraiment importantes mais il n’est pas toujours simple d’obtenir des informations de qualité. En effet, environ 75% des approvisionnements en bûches ne passent pas par un réseau professionnel. Pour avoir des repères, sachez que les marques suivantes s’engagent dans une démarche de qualité et vous fournissent des informations fiables :
Stockage du bois : Si vous achetez du bois humide (moins cher), il convient de le faire sécher pendant 18 mois environ. Il faut donc prévoir une réserve de bois pour plusieurs saisons de chauffe.
Pour un séchage optimal, il est recommandé de stocker le bois sous un abri bien ventilé, exposé au soleil, et de le fendre. Cela augmente la surface d'échange avec l'air et accélère le processus de séchage.
Rendement et utilisation du poêle à bois
L’utilisateur a également un rôle décisif dans les performances réelles.
Allumage inversé : L’allumage inversé améliore le rendement et limite dans le même temps les polluants. Il s’agit de placer les grosses bûches en partie basse avec le petit bois par-dessus, en prenant soin de laisser une circulation d’air. Un allume-feu enflamme le tout au sommet.
Cette technique permet d’avoir une flamme qui surplombe le foyer. De cette façon, les gaz qui s’échappent de la combustion sont brûlés au lieu d'être évacués.
Rechargement : Il doit avoir lieu « au bon moment » ou plutôt « à la bonne température », c’est-à-dire quand les braises sont encore vives. Mieux vaut mettre des bûches régulièrement plutôt que de surcharger le foyer.
Gestion de l’arrivée d’air : A l’allumage, l’arrivée d’air doit être ouverte « en grand » pour favoriser le démarrage du feu. Cette phase dure 30 minutes environ si le poêle est froid et plutôt 10 minutes pour un appareil déjà chaud.
Pendant la combustion, l’arrivée d’air ne doit pas être « fermée » mais en position intermédiaire. Un foyer avec beaucoup de fumées et une vitre qui noircit témoignent d’un manque d’air. A l’inverse, si les flammes sont très vives et ont tendance à être « aspirées » par le conduit, il y a un excès d’air. Beaucoup de chaleur s’échappe dans les fumées d’où une baisse de rendement.
Poêle à bois automatisé : Pour garantir un rendement optimal, certains fabricants proposent des poêles à bois dont l’arrivée d’air est automatisée. Elle est plus ou moins ouverte selon la température des fumées. Ces appareils indiquent également à l’utilisateur quand le moment est optimum pour recharger.
Le système Rikatronic 4 est même capable d’allumer le feu tout seul à une heure programmée si l’utilisateur a préparé le petit bois.
Ce fonctionnement requiert une alimentation en électricité mais les poêles peuvent tourner de façon traditionnelle en cas de coupure.
Entretien du poêle à bois
Sécurité : En plus de l’entretien quotidien, l’utilisateur doit faire ramoner son appareil avant tout pour des questions de sécurité. Cette opération doit obligatoirement être réalisée par un professionnel au moins une fois par an et donner lieu à une attestation de conformité dans un délai de 15 jours (décret n° 2023-641).
Rendement : Au niveau des performances, l’Ademe estime qu’un millimètre de suie déposée sur les parois du conduit entraine une surconsommation de bois de 10%.
Vidéo : Comment choisir son poêle à bois ?
Conclusion : En route vers les économies !
On peut considérer un rendement effectif « global » de 70% pour un poêle à bois. Pour se rapprocher des performances annoncées par les fabricants, les professionnels comme les utilisateurs ont un rôle à jouer.
Côté installateur, il faut conseiller la puissance optimale du poêle de façon à ce que l’appareil tourne le plus souvent à plein régime. La mise en œuvre doit garantir un apport en oxygène suffisant et une évacuation des fumées cohérente, dimensionnée par un logiciel.
Côté particulier, l’amélioration du rendement passe par l’utilisation de bois sec et le respect des bonnes pratiques : allumage inversé, rechargement au bon moment, gestion de l’arrivée d’air et ramonages réguliers.
Pour en savoir plus, consultez notre guide d’achat sur les poêles à bois et notre publication sur leur installation dans les règles de l’art. Cet avis d’un utilisateur sur son appareil flamme verte 7 étoiles et ce retour sur un système disposant d’une gestion automatisée de l’arrivée d’air pourraient aussi vous intéresser.
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#1 - AlexisB - 06 Novembre 2024
Merci pour vos explications très claires. Site très agréable à parcourir et instructif. Bravo !!!
Il y a une question non répondue qui date de août 2024 : «quelle démarche faire si on installe soit même son poele … (pour assurance ..) «
BRAVO. Alexis B