Baisser le chauffage pour faire des économies

L’énergie devient si chère que l’on hésite parfois à allumer son chauffage. Il existe pourtant des mesures simples pour faire des économies spectaculaires. Le tout, sans travaux et pratiquement sans investissement… On fait le point dans cet article.

baisser chauffage

Vidéo : comment baisser sa facture de chauffage ?




Réduire le volume à chauffer – impact fort

Sobriété : La première piste consiste à réduire le volume à chauffer. L’idée est de vivre confortablement dans son logement sans pour autant le chauffer en totalité. On peut imaginer par exemple ne chauffer que l’espace de vie où se concentrent les habitants.

chauffage salon

Quitte à chauffer, autant concentrer les occupants près de la source de chaleur.

Chauffage d’appoint : Dans les chambres, on passe généralement 95% du temps sous la couette. Ce n’est donc pas forcément nécessaire de chauffer tout ce volume. Pour apporter quand même du confort au moment du coucher, on peut utiliser une couverture électrique chauffante. Cela fonctionne très bien pour une consommation d’énergie marginale.

couverture chauffante avec télécommande

Un chauffage très « localisé » est extrêmement économe en énergie.

Pièces de passage : C’est la même chose pour les pièces de passage comme une entrée ou un couloir, ça n’a pas vraiment de sens de les chauffer dans la mesure où personne n’y reste très longtemps.

Télétravail : Si on prend maintenant l’exemple du télétravail, il y a tout intérêt à placer le bureau dans la plus petite pièce de la maison si vous comptez chauffer tout ce volume. Vous pourrez aussi manger dans cet espace pour éviter de chauffer une autre pièce juste le temps du repas.

petit bureau télétravail

Le chauffage d’un petit bureau demandera moins d’énergie.

Impact économique : Réduire le volume à chauffer demande un changement dans ses habitudes mais a un impact majeur sur les consommations d’énergie. En effet, la facture de chauffage est directement proportionnelle à la quantité d'air que l'on souhaite chauffer. Voici la formule pour calculer la puissance nécessaire pour chauffer la maison en W.

Puissance chauffage (W) = G (W/m3.°C) * V (m3) * Delta T (°C)

Pour faire simple :

Améliorer le volume à chauffer – impact faible sans travaux

Le second levier est de faire en sorte que ce volume à chauffer soit le plus performant possible.

Optimisations : On peut par exemple fermer les volets dès que la lumière baisse pour gagner légèrement en isolation.

maison avec volets

Fermer les volets dès la tombée de la nuit améliore les performances thermiques.

De même, l’installation de rideaux épais aux fenêtres va supprimer les courants d’air mais aussi la sensation de paroi froide qui est désagréable. De la même façon, refaire le jointoiement autour des menuiseries contribue à les rendre plus étanches et plus confortables. Même logique au niveau des portes qui donnent sur l’extérieur que l’on peut équiper d’une barre coupe-froid.

fenêtres avec rideaux

Au sol, positionner un tapis épais va permettre de moins transmettre le froid. Cette solution fonctionne aussi pour les murs non isolés, c’est la raison pour laquelle des tapisseries ornaient les murs des châteaux médiévaux.

Impact économique : L’impact de ces mesures reste assez faible. Si on reprend notre formule, on va diminuer un tout petit peu le coefficient G mais c’est tout.

Puissance chauffage (W) = G (W/m3.°C) * V (m3) * Delta T (°C)

Seuls des travaux coordonnés d’isolation peuvent avoir une efficacité réelle allant jusqu’à diviser par quatre les consommations d’énergie. Mais ces travaux demandent du temps de planification et un budget conséquent. Par contre, ces optimisations vous permettent de gagner en confort pour un investissement assez faible ce qui n’est pas négligeable.

Baisser le chauffage en cas d’absence – impact fort

Programmer le chauffage : Ensuite, il y a tout intérêt à ne chauffer que lorsqu’il y a du monde à la maison, c’est le rôle de la programmation qui peut se caler automatiquement sur votre emploi du temps. En toute logique, si on arrive à chauffer « moins longtemps », on va dépenser moins d’énergie.

chauffage programmable

Programmer le chauffage « au plus près des besoins » est une piste efficace et « indolore » pour réduire sa facture d’énergie.

Intermittence du chauffage : Clairement, ce n’est pas utile de chauffer votre logement à une température de confort dans la journée (si vous êtes au travail) ou la nuit (quand tout le monde est au chaud sous la couette).

Idée reçue : Pourtant, il n’est pas rare d’entendre des remarques du genre :

« Mais si tu coupes ton chauffage, ça va te demander encore plus d’énergie pour retrouver une maison confortable ! ».

Cette idée reçue à la dent dure ! Pour la déconstruire, on peut de nouveau se référer à notre formule.

Puissance chauffage (W) = G (W/m3.°C) * V (m3) * Delta T (°C)

En baissant la température de consigne, on réduit l’écart de température entre l’intérieur et l’extérieur (le fameux Delta T). On diminue du même coup la puissance nécessaire pour chauffer le logement et nos consommations. C’est encore plus parlant avec une courbe.

courbe intermittence chauffage

Schéma : energieplus-lesite.be

Sur ce premier graphique, on chauffe toute la nuit à 20°C, c’est la ligne rouge. On voit que la température extérieure chute pendant la nuit au niveau de la ligne bleue. La surface verte représente la consommation d’énergie nécessaire pour maintenir le logement à 20°C.

courbe intermittence chauffage

Schéma : energieplus-lesite.be

Sur ce second graphique, on arrête le chauffage pendant la nuit ce qui fait chuter la température. On le relance avant 8h pour que les occupants retrouvent une maison chaude au réveil. On voit clairement que malgré cette relance du chauffage, la surface verte sur ce graphique est bien plus faible. On a donc réalisé des économies d’énergie, sans perte de confort.

Pertinence de l’intermittence : Pour être tout à fait précis, cette intermittence du chauffage sera d’autant plus intéressante que :


CritèresCause
Votre isolation
est faible
Car cela demande beaucoup d’énergie pour maintenir une température de confort.
Votre inertie
est faible
Car le bâtiment va pouvoir rapidement remonter en température.
La période d’arrêt
du chauffage est longue
Toute une nuit ou toute une journée de travail par exemple. Pas d’intérêt sinon.
Et que votre chauffage
est réactif
C’est-à-dire qu’ il a la capacité de remonter rapidement la maison en température.

Test : Si vous voulez faire un essai chez vous, vous pouvez par exemple couper le chauffage vers 21h (ou le baisser à 16°C) et le rallumer 2 heures avant votre réveil. Vous pourrez ajuster par la suite selon le comportement thermique de la maison.

courbe chauffage intermittent

Sur cette courbe de température d’un poêle à granulés, on constate que le chauffage n’est allumé que le matin et le soir en présence des occupants.

Les repas se prennent devant le poêle et il n’y a pas d’inconfort même si la température de l’air n’est pas très élevée. En effet, les habitants bénéficient du rayonnement de l’appareil.

Baisser le chauffage en présentiel – impact fort

Température de confort : Lorsque des habitants sont présents dans la maison, c’est la même logique. Plus on baisse la consigne, plus notre « Delta T » est faible et plus on génère des économies d’énergie. Vous avez probablement en tête le fait de chauffer son logement à 19°C, comme le rappellent régulièrement les spots promouvant la sobriété.

thermostat 19°C

Impact économique : Et en effet, baisser d’un degré la température de consigne est extrêmement efficace. On estime que cela offre un gain de 7 % d’économies d’énergie. On retrouve ici tout l’intérêt de l’intermittence du chauffage, évoquée précédemment.

Problème : Mais régler le thermostat à 19°C pose quand même un souci de confort. En pratique, comme les logements sont souvent mal isolés, les parois sont assez froides. Avec un air à 19°C, le confort perçu n’est pas optimal.

température air et paroi

En effet, le confort ressenti résulte de la moyenne entre la température des parois et celle de l’air. Avec un air à 19°C et des parois à 16°C, la température perçue est donc de 17.5°C. La suite donne des pistes pour « éviter cette sensation de froid ».

Baisser (vraiment) le thermostat mais compenser par des chauffages localisés – impact très fort

Baisser encore le chauffage : Agir sur la température de consigne est un levier extrêmement puissant. On pourrait donc imaginer baisser encore davantage la température de l’air, à 17°C par exemple voire moins. Et ce, sans nécessairement perdre en confort. Si cette proposition vous laisse « dubitatif », c’est normal ! On entre vraiment dans le vif du sujet et cette partie va probablement vous demander un petit effort de « projection ».

Chauffage conductif localisé : Pour pallier au problème du ressenti « froid » dans un logement peu chauffé, on peut utiliser des chauffages « conductifs ». C’est-à-dire des équipements qui vont chauffer uniquement une surface à leur contact. C’est le cas d’une couverture chauffante par exemple. Le but est en fait d’avoir chaud « localement » dans une maison froide.

consommation couverture électrique

La résistance d’environ 110 W ne s’active pas tout le temps selon la puissance choisie.

Exemple en télétravail : Reprenons notre exemple du télétravail, on va chercher à obtenir du « confort » dans un bureau peu chauffé. D’abord, en se couvrant davantage, c’est la base. Mais aussi en créant un « micro-climat chaud » autour de nous. Avec une couverture chauffante pour les pieds et le bas du corps par exemple. Et des mitaines chauffantes pour les mains qui permettent de travailler sur ordinateur. Le haut du corps est géré par des vêtements chauds.

mitaines gants chauffants

Les mains au chaud pour 10 W. Qui dit mieux ?

Impact énergétique : Niveau style, le rendu n’est clairement pas génial et vous risquez fort de passer pour un illuminé lors de la prochaine réunion. Mais en termes d’économies d’énergie, les gains sont spectaculaires. Pour vous donner une idée, chauffer ce bureau demanderait une puissance d’environ 800 W pendant 3 heures soit 2,4 kWh. C’est déjà peu car le volume est petit comme on a déjà fait un effort sur ce poste. Avec la couverture chauffante d’environ 70 W et les gants de 10 W allumés pendant 7 heures, la consommation serait de 560 Wh. Soit 4 fois moins d’énergie tout en maintenant un bon niveau de confort.

Autres exemples : Pour le temps du repas, il est possible de se fabriquer une table chauffante à la « mode japonaise » aussi appelée « kotatsu ». Elle tiendra le bas du corps au chaud. Avec un meuble suédois et toujours une couverture chauffante, on a un système qui fait le job pour un investissement très limité.

Un « vrai » kotatsu utilise étonnament un convecteur électrique entre 200 et 600 W.

C’est en fait la même chose pour toutes les activités « statiques ». Si vous regardez un film dans le canapé le soir, inutile de chauffer l’air. Vous serez très confortable sous une couette avec un appoint chauffant.

Chauffage rayonnant localisé : Un chauffage conductif n’est pas cependant pas adapté car il limite la mobilité. Une autre piste est d’opter pour un chauffage « rayonnant » qui chauffe directement les corps. Il va pouvoir chauffer seulement la partie du volume où vous vous trouvez. Une puissance de 300 à 400 W par personne suffit à obtenir du confort localement avec une température de fond de 16°C. Cela correspond à un petit radiant électrique de 60 cm de côté. Il demande plus d’énergie qu’un chauffage conductif mais toujours moins que le chauffage de l’air.

radiateur électrique rayonnant

Radiateur électrique rayonnant de 400 W, sans émission de lumière rouge. Photo : Trotec.

Impact économique : Si on se fie aux études en Belgique et aux Pays-bas, on gagne entre 30 et 40% en combinant un chauffage de l’air bas et des appoints localisés. Le tout, en prenant bien sûr en compte l’énergie requise pour les chauffages d’appoint.

Cette démarche est donc extrêmement pertinente d’un point de vue de la sobriété mais ne fera pas l’unanimité car elle change assez fortement notre manière de nous chauffer. Certains trouveront ça génial, et d’autres y verront une lubie d’Amishs qui se chauffent à la bougie. Libre à vous de tenter ou non l’expérience. Voici un tableau des avantages et inconvénients si vous souhaitez approfondir.


Avantages
30 à 40% d’économies à la clé
Mise en œuvre presque « immédiate »
Faible investissement
Sans travaux et sans compétence en bricolage
Permet de s’interroger sur ses consommations d’énergie
Solution compatible avec le réchauffement climatique car limitation de l’empreinte carbone du chauffage.
Bonne résilience à l’augmentation des coûts de l’énergie.
Inconvénients
Plus adapté pour de grands volumes avec peu de personnes. Sinon, autant chauffer de façon traditionnelle.
Un changement des habitudes qui ne sera « pas pour tout le monde ».
« Le regard des autres » pas forcément « bienveillant ».
Concertation obligatoire avec les membres du foyer.
Utilisation de matériel « made in China » pas forcément très qualitatif.
Mobilité réduite pour les chauffages conductifs.
Bonne ventilation du logement requise.

Optimiser son chauffage – impact moyen à fort

On termine ce panorama par des mesures plus « classiques » sur l’optimisation du chauffage mais néanmoins très efficaces.

Chauffage : Le générateur (chaudière, pompe à chaleur, poêle) doit être entretenu tous les ans pour préserver ses performances et sa durée de vie. Par exemple, la réduction du tirage à cause de 10 mm de suie sur un conduit de cheminée entraîne une surconsommation de bois de 10%. Pour un chauffage central, les tubes qui transportent l’eau chaude doivent impérativement être isolés s’ils se trouvent en dehors du volume chauffé.

ramonage poele mixte hydro

De même, un contrôle au niveau des émetteurs de chaleur est requis. Purge pour les radiateurs à eau et dépoussiérage pour les radiateurs électriques.

Chauffe-eau : Pour le chauffe-eau, une température de 55°C suffit à vous préserver des risques liés à la légionelle. Au-delà, vous allez augmenter les pertes par stockage inutilement.

Conclusion : -30% sur sa facture d’énergie sans travaux, c’est possible !

Réduire sa facture de façon significative est possible en modifiant quelque peu son comportement. D’abord, en limitant autant que possible le volume à chauffer. Ensuite, en rendant ce volume plus « confortable » par des petits aménagements comme l’installation de rideaux épais aux fenêtres. Une action sur la programmation est après essentielle pour ne chauffer qu’en présence des occupants. Cela va de pair avec une température de confort « faible » à 19°C par exemple.

Pour aller « plus loin », il est possible de mettre en place des chauffages localisés qui permettent de garder du confort avec une température d’air très basse. Ils ne sont cependant pas adaptés à tous les usages.

En ouverture, vous apprécierez probablement notre article dédié à la rénovation énergétique performante ainsi que d’autres mesures dans le sens de la sobriété.

portrait lAucun robot n'a été maltraité pendant l'écriture de cet article. C’est bel et bien l’œuvre de deux humains passionnés ! Pour leur payer un café, vous pouvez faire un don à l’association. Merci ❤ portrait l

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#2 - Xavier (admin) - 21 Décembre 2023

Bonjour Eric,

Merci pour ces nouvelles astuces :-)

Bonne chauffe "locale" et à bientôt

#1 - Eric - 20 Décembre 2023

Ne pas oublier la bonne vieille bouillotte, une solution éprouvée. Placée près du corps, la chaleur qu'elle apporte localement se diffuse dans tout le corps grâce à la circulation sanguine.

Et pour ne pas avoir froid assis à un bureau, je conseille de se mettre dans un sac de couchage. Il faut rentrer debout puis sautiller jusqu'à sa chaise ! Pour les jambes et le bas du dos c'est un total confort, bien plus efficace qu'une couverture. Par contre comme il faut bien sortir les bras, le haut du corps n'est pas vraiment protégé. Il ne faut donc pas enlever son gilet/polaire et foulard.
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