Les panneaux solaires au sol
Les panneaux solaires photovoltaïques à poser au sol constituent une solution intéressante pour les particuliers : faciles à mettre en œuvre et rentables rapidement dans le cadre d’une autoconsommation totale. Mais ils présentent aussi des contraintes fortes, à commencer par l’emprise au sol dans le jardin. Conseils thermiques pèse le pour et le contre de cette installation.
- Installation
- Supports
- Limites
- Modèle économique
- Réglementation
- Prix
- Retour d'expérience
- Avantages et inconvénients
- L'autoconsommation en vidéo
Installation de panneaux solaires au sol
L’intérêt majeur des panneaux à poser au sol est que leur installation est réellement accessible à tous, le plus souvent sans outillage spécifique, ni compétences particulières en bricolage. En ce sens, cette solution est bien adaptée aux particuliers.
Elle ne nécessite pas de monter sur un toit, pas de fondation au niveau des supports (lestage) et les panneaux solaires peuvent se brancher sur une prise si celle-ci est protégée par un disjoncteur. Pas forcément besoin d’accéder au compteur électrique donc si vous n’avez pas de compétences en électricité. Voici un aperçu des étapes.
Etape 1, pose du support et fixation des panneaux : Il faut choisir un endroit favorable (Est-Sud-Ouest) préservé des ombrages et y positionner les supports. Les panneaux viennent ensuite se fixer dessus.
Etape 2, branchements : Cela consiste à relier les panneaux (qui produisent l’électricité), l’onduleur (qui transforme le courant continu des panneaux en courant alternatif utilisable par le réseau domestique) et le coffret (qui assure la protection de l’installation).
Pour en savoir plus, consultez notre tutoriel complet et adapté aux néophytes pour installer soi-même des panneaux solaires. Notez qu'il existe désormais des kits à brancher directement sur une prise qui se révèlent encore plus simples.
Les différents supports pour les panneaux solaires au sol
Voici plus en détails les différentes solutions que vous pouvez envisager pour poser les panneaux solaires dans votre jardin.
Bac en plastique type Rénusol : le plus simple
Bac en plastique Rénusol (100€) : Il s’agit simplement d’un bac moulé en plastique qui se pose directement sur le sol. Des matériaux lourds de récupération se placent au fond du bac pour assurer le lestage : pierre, sable, béton… On visse ensuite des barres de fixation sur les panneaux photovoltaïques qui peuvent ainsi épouser la forme du bac. Le panneau solaire est maintenu sur son support grâce à des vis auto foreuses.
Avantages : Le bac Rénusol est extrêmement facile à mettre en œuvre, une seule personne suffit et l’outillage reste très limité. La finition est « propre » puisqu’on ne voit aucun câblage. Garantie 10 ans.
Inconvénients : Ce type de support est posé au ras du sol ce qui le rend très sensible à la végétation. Des herbes hautes devant les panneaux solaires peuvent faire chuter le rendement. Pour contourner cet inconvénient, on peut dérouler une toile tissée sous les bacs afin de faciliter l’entretien. Attention, elle ne devra pas faire de l’ombre aux panneaux !
L’inclinaison de 15° n’est pas non plus optimale (idéalement 30°) mais permet de réduire la prise au vent. La perte de production reste cependant faible, 5% environ ce qui n’est pas très significatif sur une petite installation.
L’emprise au sol est assez importante car les panneaux solaires sont au format paysage, environ 2 m² par panneau (L = 1.75 m l = 1.10 m).
Support GSE Ground System : le meilleur choix technique
GSE – Ground System (450€ pour 4 panneaux) : Le GSE est un support métallique capable de recevoir 2 à 12 panneaux solaires. Il se compose de 2 rails parallèles sur lesquels viennent se fixer les panneaux. Il est maintenu au sol par des bacs métalliques qui reçoivent du leste, aucune fondation n’est requise.
Avantages : Ici, le support est surélevé par rapport au sol ce qui rend l’entretien plus facile, on peut tondre devant ses panneaux sans problème. L’emprise au sol est un peu plus limitée du fait de l'orientation en portrait (environ 1.4 m² par panneau) et l’utilisateur peut choisir l’inclinaison souhaitée de 10 à 40°. Garantie 30 ans.
Inconvénients : L’installation est plutôt facile mais nécessite d’être deux et le montage du support prend environ 2 heures (nombreux boulons). Le câblage reste visible à l’arrière des panneaux.
Equerre à poser au sol type Schletter
Equerre (250€ pour 2 panneaux) : L’équerre à poser est une solution à mi-chemin entre le bac plastique et le support GSE. Elle est posée directement au sol et comprend 2 rails sur lesquels les panneaux sont fixés en portrait. Les montants de l’équerre sont reliés par un profilé qui reçoit le leste.
Avantages : L’installation est facile avec une faible emprise au sol et une inclinaison de 30°. Garantie 10 ans.
Inconvénients : Sensibilité à la végétation, finition avec câbles apparents.
Limites des panneaux solaires au sol
Si la pose de panneaux solaires au sol est la plus simple à mettre en œuvre, elle présente néanmoins des contraintes qu’il faut considérer :
Sol et ombrage : La première est d’avoir un jardin pour y poser les panneaux et que cet endroit soit le plus ensoleillé possible. En effet, le sol est très sensible aux ombrages puisque les ombres portées sont importantes à la différence d’une installation sur le toit. C'est d'autant plus vrai en hiver quand le soleil est plus rasant. Il faut donc bien relever les ombrages de son jardin à différents moments de la journée pour trouver un emplacement adapté.
Ici, la haie doit être taillée pour ne pas impacter la production solaire.
Entretien du jardin : Comme déjà évoqué, les panneaux au sol resteront très sensibles aux herbes hautes selon le support choisi.
Concurrence : La pose des panneaux entre en concurrence avec les autres usages du sol. Le jardinage, les jeux pour enfants, les coins détentes : terrasse, pergola, hamac, salon de jardin, piscine…
Exposition aux risques : La position au sol fait que les panneaux sont plus exposés au vol et aux risques domestiques : projection d’une pierre par une moissonneuse, jeux de ballon...
Comment valoriser sa production d’électricité au sol ?
Une autre contrainte à prendre en compte concerne la rentabilité des panneaux solaires au sol. En effet, ceux-ci ne sont pas éligibles au tarif d’achat subventionné par l’Etat contrairement à une pose par un professionnel.
Comprenez qu’il n’est pas possible de vendre son surplus de la même manière qu’une pose en toiture. De la même façon, la prime à l’autoconsommation n’est pas accessible.
Sans ces leviers, il est difficile de rentabiliser une installation en passant par un professionnel. On peut donc retenir que les panneaux solaires au sol sont plutôt réservés à une pose par soi-même. Voici les options possibles :
Autoconsommation totale (conseillé) : Dans ce cas, l’électricité produite est consommée en temps réel et le surplus est injecté sur le réseau, sans valorisation possible. Ce mécanisme est intéressant car les démarches administratives sont quasiment inexistantes (voir point suivant). La rentabilité de l’installation provient des économies réalisées sur sa facture d’électricité. Ainsi, une installation de petite puissance (450 à 1 800 Wc) est généralement rentable en une dizaine d’années car la plupart de l’énergie est consommée. Consultez nos pistes pour optimiser son autoconsommation pour en savoir plus.
L’enjeu est de décaler ses consommations au moment où les panneaux produisent.
Vente du surplus à un fournisseur alternatif : Si EDF OA (Obligation d’Achat) n’est pas tenu de vous racheter votre électricité, cela peut intéresser des fournisseurs alternatifs comme Enercoop ou JPME par exemple. Mais cela ajoute des contraintes administratives et des frais liés à l’utilisation du réseau. La rentabilité n’est donc pas évidente. C'est une piste à creuser si vous décidez d'installer beaucoup de modules.
Stockage du surplus dans une batterie virtuelle : Une autre façon de valoriser son surplus est de « stocker » de façon virtuelle les kWh non consommés pour les réutiliser plus tard. Cela apparaît séduisant sur le papier mais comme précédemment, ce système occasionne des frais et des démarches administratives supplémentaires. La rentabilité n’est donc pas acquise notamment pour une petite installation. Consultez notre article dédié au stockage virtuel pour en savoir plus.
Quelles contraintes administratives pour des panneaux solaires au sol ?
L’installation de panneaux au sol est celle qui nécessite le moins de tracas administratifs si vous optez pour une autoconsommation totale. Voici les démarches à réaliser dans ce cas :
Panneaux solaires au sol et droit de l’urbanisme : Aucune démarche n’est nécessaire auprès de la mairie si les panneaux sont posés à moins de 1m80 du sol. Des contraintes peuvent toutefois s'appliquer si vous vous situez aux abords d'un monument historique. Il faut consulter la mairie dans ce cas.
Demande de raccordement en autoconsommation totale au près d’Enedis : Il faut en revanche faire une demande de raccordement auprès d’Enedis. Pour une demande en « autoconsommation totale », l’opération est gratuite. Il faut compter 30 minutes en suivant un tutoriel, généralement fourni par le vendeur des panneaux. En cas de doute, n’hésitez pas à demander des précisions à votre agence Enedis locale dont les coordonnées sont précisées sur l’interface.
Un consuel est-il obligatoire ? Non, si vous utilisez un coffret pré-câblé (souvent proposé dans les kits solaires des marchands). Oui, si vous envisagez de vendre votre électricité sur le réseau.
Ai-je le droit d’injecter gratuitement de l’électricité sur le réseau ? Oui, la loi indique une tolérance jusqu’à une puissance totale de 3 kW.
Article L315-5
Modifié par LOI n°2017-227 du 24 février 2017 - art. 11
Les injections d'électricité sur le réseau public de distribution effectuées dans le cadre d'une opération d'autoconsommation à partir d'une installation de production d'électricité, dont la puissance installée maximale est fixée par décret, et qui excèdent la consommation associée à cette opération d'autoconsommation sont, à défaut d'être vendues à un tiers, cédées à titre gratuit au gestionnaire du réseau public de distribution d'électricité auquel cette installation de production est raccordée et rattachées au périmètre d'équilibre de ce dernier.
Ces injections sont alors affectées aux pertes techniques de ce réseau.
Article D315-10
Créé par Décret n°2017-676 du 28 avril 2017 - art. 2
La puissance installée maximale mentionnée à l'article L. 315-5 est fixée à 3 kilowatts.
Toutefois, la CACSI (convention d'autoconsommation sans injection) signée avec Enedis précise que « la puissance moyenne injectée sur 30 min doit rester inférieure à 10 W ». Il y a donc une incohérence entre la loi et le contrat qui vous lie à Enedis ce qui ne manque pas d'enflammer les débats. En pratique, tout le monde injecte son surplus dans la mesure où il ne dépasse pas 3 kW.
Prix des panneaux solaires au sol
Pose par soi-même : Vous l’aurez compris, la pose de panneaux solaires au sol est plus attractive si vous effectuez la pose vous-même. Dans ce cas, le prix se situe entre 0.8 et 1.5€ le Wc :
Prenons l’exemple de cette installation :
2 panneaux | 4 panneaux | |
Puissance | 900 Wc | 1 800 Wc |
Orientation | Sud | Sud |
Inclinaison | 30° | 30° |
Prix départ kWh élec | 0.25 cts | 0.25 cts |
Inflation | 3% | 3% |
Taux autoconso. | 70% | 40% |
Investissement | 900€ | 1 700€ |
Ici, l’installation est rentable en 5 ans en moyenne ce qui est intéressant compte tenu de la garantie du matériel (10 ans minimum).
2 panneaux | 4 panneaux | |||
Lieu | Rentabilité | Gain sur 20 ans | Rentabilité | Gain sur 20 ans |
Lille | 4.5 ans | 3 754€ | 7.1 ans | 3 589€ |
Paris | 4 ans | 4 036€ | 6.8 ans | 3 843€ |
Nantes | 3.5 ans | 4 445€ | 6.1 ans | 4 477€ |
Bordeaux | 3.2 ans | 4 671€ | 5.9 ans | 4 938€ |
Marseille | 2.5 ans | 6 173€ | 4.5 ans | 6 381€ |
Pose par un professionnel : Si vous préférez une pose par un professionnel, une installation sur le toit sera sûrement privilégiée car cela ouvre d’autres pistes de monétisation. Il faudra plutôt compter entre 2 et 3€ du Wc mais il est toujours important de réaliser plusieurs devis pour comparer les prix.
Retour d’expérience sur des panneaux solaires dans un jardin
Pour rendre les choses plus concrètes, on se propose de recueillir le témoignage d’un autoconsommateur dans l’ouest de la France.
Pouvez-vous nous décrire votre installation ? Il s’agit d’une installation vraiment basique avec 2 panneaux (550 Wc), un micro-onduleur et un coffret de protection. Les panneaux sont branchés sur une prise. A noter qu'avec l'évolution rapide du matériel, on atteint désormais facilement les 900 Wc avec 2 panneaux.
Pourquoi avoir choisi une pose au sol ? Je n’ai aucune compétence en électricité et techniquement, la pose au sol était la seule envisageable pour moi. Par exemple, je ne me sentais pas capable d’effectuer des connexions au niveau du compteur électrique.
Les panneaux gênent-ils dans le jardin ? Le terrain est assez grand (1 200 m²) mais au final, avec l’ombre de la maison, il n’y avait finalement pas beaucoup d’espace pour installer les panneaux ! Ils sont placés entre l’aire de jeux des enfants et la terrasse. Il y aurait plus de panneaux, cela pourrait poser problème. Au quotidien, le seul point dérangeant concerne la tonte, il faut débrancher puis rebrancher les panneaux.
L’installation a-t-elle été difficile ? Avant mon achat, je me suis assuré que le site marchand disposait d’un vrai service technique qui a pu me guider avec précision. L’installation n’est pas vraiment difficile en soi mais nécessite une préparation sérieuse.
Seul, elle m’a pris deux jours. Le premier jour pour la mise en place des panneaux sur les supports et la compréhension des branchements (service technique contacté à cette occasion).
Le deuxième jour, pour les raccordements électriques (service technique contacté avant la mise en service). Une personne qui a des compétences en électricité peut boucler ça facilement en une journée. Aujourd'hui, avec des panneaux « plug and play », n'importe qui est capable de brancher un panneau en quelques minutes.
Quel modèle économique avez-vous choisi ? Ici, l’électricité produite est le plus possible autoconsommée, le surplus est injecté gratuitement sur le réseau et va chez mes voisins.
Quel gain annuel ? Avec 2 panneaux, le gain est modéré et se situe autour d'une centaine d'euros par an. Avec un achat de 900€, cela donne une rentabilité inférieure à 10 ans. Mais j’ai aussi « gagné » en réduisant mes consommations d’électricité en utilisant un wattmètre en phase de conception. Cela m'a permis de repérer et de supprimer des veilles inutiles.
En sachant que ma facture d’électricité de base était de 600€ par an, le gain reste appréciable même si ce n’est pas uniquement l’aspect financier qui a motivé ma démarche.
Quels changements dans vos habitudes ? Le premier réflexe pour optimiser l’autoconsommation est de faire fonctionner les appareils (aspirateur, machine à laver, lave-vaisselle, vélo électrique) lorsqu’il y a du soleil. J’ai aussi programmé le chauffe-eau thermodynamique pendant la journée.
En plus, l’option « heure pleine / heure creuse » a été arrêtée et nous avons aussi changé de fournisseur pour acheter de l’électricité « vraiment verte » chez Ilek. Une manière d’être le plus cohérent possible.
Quelle consommation peut-on couvrir avec « juste » deux panneaux ? Il ne faut pas espérer couvrir la consommation d’appareils énergivores ! Lorsqu’il y a du soleil, les panneaux couvrent le fonctionnement normal de la maison (ventilation, frigo, box…), un portable relié à un écran 23 pouces, un second ordinateur portable, une télévision de 32 pouces et la charge des vélos électriques.
Avez-vous un système pour mesurer la production ? Non, malheureusement. Ces systèmes restent vraiment trop chers pour une petite installation ! Ici, il fallait compter 220€ pour une supervision, cela représente 2 à 3 années d’économies sur la facture. J’utilise plutôt le compteur Linky qui donne la consommation instantanée de la maison. J’arrive à faire une estimation grossière de la production de cette manière. On peut aussi utiliser un wattmètre qui donne la production en temps réel. Certains sont même connectés et permettent un suivi de la production pour une somme abordable (40€). Cependant, il faut voir ce qu'il en est de la fiabilité à termes (durée de vie des panneaux très longue).
Et si vous deviez peser le pour et le contre ? Le pour est le côté très vertueux de consommer sa propre électricité et d’avoir réalisé la pose soi-même. Le contre reste l’entretien du jardin à surveiller. Ici, les panneaux sont à proximité d’une haie qu’il faut entretenir régulièrement. Je note aussi le côté un peu « frustrant » de ne pas connaître sa production d’électricité « au Watt près » au jour le jour.
Le taux d’autoconsommation est de 68%. Encore quelques efforts pour atteindre les 75% désirés !
Le coffret de protection est quand même doté d’un compteur d’énergie pour connaître la production globale.
Avantages et inconvénients des panneaux solaires au sol
Avantages | Inconvénients |
Installation soi-même possible | Pas de valorisation possible par EDF OA |
Rentables en autoconsommation totale | Pas de prime à l’autoconsommation |
De l’énergie verte produite localement | Nécessité d’un jardin |
Choix aisé de l’orientation | Sensibilité aux ombrages |
Nettoyage facile | Concurrence avec les autres usages du sol |
Vidéo sur l'autoconsommation
Conclusion : Intéressants pour les particuliers mais pas exempts de défauts
Les panneaux solaires au sol constituent donc une solution intéressante pour les particuliers qui souhaitent réduire leur facture d’électricité. L’installation par soi-même reste accessible au plus grand nombre et rentable assez rapidement si la puissance est correctement dimensionnée. Notre guide sur les panneaux solaires à brancher sur une prise ainsi que ce retour d'expérience pourraient vous intéresser.
Attention toutefois aux ombres portées qui peuvent impacter fortement la production des panneaux. Le jardin devra aussi être entretenu régulièrement selon le support choisi. Pour aller plus loin, consultez les autres installations solaires possibles (toit, pergola, balcon…).