La maison en rondins (fuste)

La maison en rondins est une construction ancestrale qui tire parti des propriétés hygroscopiques du bois. Néanmoins, la fuste doit désormais s’adapter à la réglementation pour proposer une solution énergétique performante. Conseils thermiques fait le point sur cette habitation de caractère qui a encore de beaux jours devant elle.

• Définition
• La construction étape par étape
• Une isolation des murs limitée
• Un confort accru
• Une conception de qualité
• Une mise en œuvre exigeante
• Prix d’une maison en rondins
• La maison en rondins en questions…
• Avantages et inconvénients

Une maison en rondins ou fuste, qu’est-ce que c’est ?

Une maison en rondins de bois, aussi appelée fuste, est constituée de troncs d’arbres d’environ 30 à 40 cm de diamètre. Les assemblages se font par emboitement sans qu’aucun lien mécanique (vis) ou chimique (colle) ne soit nécessaire, grâce à un travail d’ajustement de l’artisan.

En France, les fustiers utilisent du bois résineux local, principalement du douglas, du mélèze ou de l’épicéa.

La construction d’une maison en rondins, étape par étape

Découpe et préparation des arbres : Les arbres sont sélectionnés pour leurs caractéristiques mécaniques (âge, tracé, nœuds…). Leur écorce est enlevée à la main puis les rondins sont nettoyés à haute pression afin de prévenir tout risque de moisissure. Tout le travail d’assemblage se fait ensuite en atelier pendant une durée pouvant aller de 2 à 6 mois.

Montage des murs : Chaque tronc est ajusté à la main sur toute sa longueur pour correspondre parfaitement à la forme du rondin précédent. Pour se faire, le fustier réalise un traçage à l’aide d’un compas traceur en reportant les lignes du tronc supérieur sur le tronc inférieur et vice versa. En ce sens, il s’agit réellement d’un travail d’artisanat car ce processus ne peut pas être industrialisé :

Il faut ensuite découper les entailles latérales en suivant parfaitement le tracé mais aussi les encoches pour les angles. Les finitions sont réalisées à la meuleuse d’angle.

Percement des ouvertures : Les murs sont ainsi montés « pleins » en prenant soin de les numéroter pour faciliter le remontage. Il faut maintenant percer la structure pour mettre en place les menuiseries en prenant en compte le tassement du bois.

En effet, pendant les premières années, la maison se tasse à cause du poids des rondins et de leur séchage. Ce tassement peut atteindre 6% soit une bonne dizaine de centimètres par étage. Pour absorber cette variation, les fenêtres doivent être indépendantes de la fuste. Elles sont montées « en feuillure » de manière à laisser un jeu pour le tassement vertical grâce à un système de coulissage.

Remontage : La structure est ensuite démontée et acheminée par camion sur le lieu du chantier pour le remontage. Cette étape dure « seulement » une dizaine de jours ce qui permet aux fustiers de proposer une livraison sur toute la France car l’essentiel du temps se déroule en atelier.

Pour optimiser les délais de construction, les fondations et la dalle béton auront été coulées en parallèle de l’assemblage. Le remontage est l’occasion de soigner l’étanchéité à l’air en intégrant un joint isolant entre chaque rondin afin de respecter la réglementation (voir point sur la mise en œuvre).

Second œuvre : Les menuiseries sont ensuite posées et les travaux intérieurs d’électricité et de plomberie peuvent démarrer à l’abri des intempéries.

Une isolation des murs limitée

Un mur de fuste est uniquement composé de bois massif empilé. Ce principe constructif fait qu’il n’est pas possible d’ajouter un complément d’isolation sur ce poste.

Certains vendeurs mettent en avant que le bois est un matériau bien plus isolant que ses concurrents. Si l’on s’en réfère à la résistance thermique, le bois est effectivement 6 fois plus isolant qu’un parpaing et 30% plus performant qu’une brique. Pour 20 cm d’épaisseur :

Parpaing	Brique	Bois
R = 0.21 m².K/W	R = 1.15 m².K/W	R = 1.66 m².K/W

Mais attention aux raccourcis car sur une maison maçonnée, le matériau porteur ne joue pas le rôle d’isolant ! Il faut alors bien considérer le mur dans sa globalité. Si l’on ajoute 14 cm d’isolant ce qui correspond au standard actuel, la comparaison est toute autre :

Parpaing + 14 cm isolant	Brique + 14 cm isolant	Bois brut (30 cm)
R = 4.56 m².K/W	R = 5.5 m².K/W	R = 2.5 m².K/W

Au final, la fuste reste 2 fois moins performante au niveau des murs qu’une construction traditionnelle. Pour autant, la maison en rondins peut tout à fait prétendre à respecter la réglementation en matière de performances thermiques.

En effet, des mesures compensatoires peuvent être prises. Par exemple, en sur-isolant la dalle béton, en apportant un complément d’isolant dans les combles, ou en mettant en place du triple vitrage côté nord. Dans les milieux très froids (haute altitude), un diagnostic par un bureau d’étude spécialisé sera impératif pour mesurer la faisabilité du projet.

La fuste, une habitation confortable

Mais attention, car le confort d’une habitation ne se limite pas à son niveau d’isolation et en ce sens, le bois possède des caractéristiques propres très intéressantes :

Comportement hygroscopique : Le bois est un très bon régulateur hygroscopique et va pouvoir équilibrer naturellement le taux d’humidité de l’air. Or, un air moins humide est plus confortable et nécessite moins d’énergie pour être chauffé. A confort égal, la température de consigne dans une maison en rondins sera donc plus faible que sur une maison traditionnelle bien que cette donnée ne soit pas prise en compte dans les calculs réglementaires.

Inertie du bois massif et confort d’été : Autre aspect intéressant, les murs en bois massifs sont très lourds et peuvent stocker la chaleur pour la restituer par la suite. C’est un excellent point pour le confort d’été où la fraicheur nocturne pourra être restituée le jour. Un confort accru donc, sans nécessité de climatiser. Sur ce point, la fuste fait bien mieux que la maison à ossature bois.

Pour un mur de 35 cm d’épaisseur, le déphasage est de 24 heures (contre au moins 12 heures idéalement) et l’atténuation d’amplitude des températures est très élevée. Comprenez que la chaleur extérieure se répercute très peu et très lentement à l’intérieur du logement. En témoigne cette courbe d’évolution des températures : la température intérieure (bleue) reste constante malgré les fluctuations extérieures (rouge). Cette forte inertie au niveau des murs peut être complétée par une toiture végétalisée :

Une conception de qualité

Pour être conforme à la réglementation, la conception d’une maison en rondins se doit d’être bien optimisée de façon à limiter au maximum les déperditions thermiques inutiles.

Une maison bien orientée : Le respect d’une architecture bioclimatique est ici indispensable. Les pièces de vie seront placées au sud afin de profiter des apports solaires importants en hiver. Au nord, on évitera au maximum les fenêtres (sinon du triple vitrage) et on positionnera les pièces techniques en espace tampon (cellier, garage).

Un plan compact : Les décrochés de mur, sources de déperditions, doivent aussi être évités. Un plan de forme carré ou rectangle, si possible avec un étage, optimisera le volume à chauffer et la répartition de la chaleur.

Sur une maison plus classique, on peut se permettre quelques écarts à ces règles de bon sens, en rajoutant un complément d’isolation au niveau des murs par exemple. Pour une fuste, cette adaptation n’est pas possible. Cela représente un inconvénient car la souplesse architecturale est assez faible. Mais cela peut aussi être interprété comme un avantage. En effet, une fuste « viable » au sens de la réglementation sera obligatoirement une maison bien conçue : lumineuse et facile à chauffer.

Une mise en œuvre exigeante pour la maison en rondins

Autre aspect important : l’étanchéité à l’air. Elle reste une contrainte très forte de la réglementation avec une obligation de résultat car la maison subit un test d’étanchéité exigeant. Cela impose une mise en œuvre très minutieuse car les points de vigilance sont nombreux : jonctions entre chaque rondin, liaisons dalle/rondin, interfaces avec la toiture, intersections au niveau des angles.

C’est ici le savoir-faire du fustier qui entre en compte. Il devra notamment mettre en place un joint isolant entre chaque rondin et soigner particulièrement l’étanchéité des menuiseries. Les résultats pratiques montrent la compatibilité de la maison en rondins avec la RT 2012 (voir un retour d'expériences dans une fuste certifiée RT 2012).

En ce sens, les maisons en rondins restent plutôt réservées aux professionnels et seront peu compatibles avec une auto construction. Une solution en madriers avec une isolation complémentaire des murs sera alors plus adaptée.

Prix d’une maison en rondins

Les fustiers mettent en avant qu’une maison en rondins n’est pas plus coûteuse qu’une maison classique. Cela s’explique car le bois (matière première) est assez bon marché et compense le coût élevé de la main d’œuvre.

Notons que le prix d’une maison en rondins est directement proportionnel à la quantité de bois mis en œuvre et aux nombres d’entailles nécessaires. Pour limiter les coûts de main d’œuvre, il faut se rapprocher le plus possible d’un plan carré à étage qui optimise les mètres linéaires.

Le prix d’une fuste est d’environ 700 à 750€ du m² habitable en ne considérant que la structure. Pour une maison en rondins clés en main, les prix débutent à environ 1 300€ du m². Dans tous les cas, il faut réaliser plusieurs chiffrages pour obtenir le prix du marché le plus juste. Pour cela, vous pouvez utiliser notre application de devis en ligne gratuite et sans engagement :

La maison en rondins en questions…

Quel bilan écologique ? La fuste est par définition une habitation écologique qui utilise le bois comme matière première. Une ressource renouvelable qui contribue au stockage du CO2. La maison est en plus très facilement valorisable en fin de vie car aucune vis ne tient la structure. Le chantier qui se déroule principalement en atelier optimise la gestion des déchets.

Une dimension de développement durable est aussi à prendre en compte car la maison en rondins favorise les emplois locaux et les compétences associées. On peut simplement reprocher à la fuste sa grande consommation de bois en comparaison d'une maison ossature bois par exemple, moins massive (mais aussi moins confortable en été).

Quel comportement au feu ? Le bois possède une bonne tenue mécanique au feu et ne dégage pas de vapeurs toxiques.

Un entretien est-il nécessaire ? Si vous choisissez de laisser le bois patiner naturellement (ce qui est le choix le plus cohérent d’un point de vue écologique) alors la maison ne nécessitera aucun entretien. Les troncs subissent en effet un traitement fongicide qui les protège durablement. De plus, les débords de toit sont importants pour protéger les murs des intempéries. Seules les fenêtres en bois devront être lasurées régulièrement (3 à 5 ans).

Quelle est la durée de vie ? La durée de vie d’une maison en rondins est excellente avec plusieurs siècles d’existence. La technique ancestrale est bien maîtrisée.

Pourquoi choisir une fuste ? Le choix d’une fuste est avant tout une affaire de cœur pour les amoureux du bois. C’est aussi une habitation unique, fruit du travail d’un artisan. Notons que les fustiers proposent aussi souvent des éléments de mobiliers intérieurs :

Est-ce facile d’obtenir un permis de construire ? Comme toutes les constructions atypiques, l’obtention du permis de construire peut s’avérer difficile. Par méconnaissance, la maison en rondins est souvent associée à une habitation de montage alors que son intégration est tout à fait possible partout en France. Il faudra parfois faire preuve de pédagogie pour faire accepter son projet.

Avantages et inconvénients de la fuste

Crédits Photos

• http://www.aaland.fr/
• https://www.lesboisbruts.com/
• https://www.federation-artisans-fustiers.fr/
• http://www.lapessiere.fr/index.php
• http://lefustiervoyageur.over-blog.com/
• http://lesfustesnormandes.fr/
• http://www.neologis-fuste.com/

Conclusion : La fuste, confortable et écologique

La maison en rondins est donc une habitation confortable en été (masse inertielle du bois) comme en hiver (régulation de l’humidité). Elle respecte en outre des attentes sociales et environnementales fortes. Pour être conforme à la réglementation, la fuste doit faire l’objet d’une conception et d’une mise en œuvre soignée. D’une part, en compensant la faible isolation des murs en renforçant les autres postes. D’autre part, en suivant à la lettre, les principes de l’architecture bioclimatique. De cette façon, la fuste est parfaitement compatible avec la réglementation, consultez un retour d'expériences sur une maison en rondins certifiée RT 2012 à 1 500 m d'altitude. Pour aller plus loin, découvrez aussi notre comparatif des maisons en bois. Notre publication sur la maison à ossature bois, bien que plus conventionnelle, pourrait aussi vous intéresser.